Les premiers essais d'utilisation de la vapeur surchauffée sont entrepris par l'Alsacien Gustave Hirn vers 1850 sur des machines à vapeur fixes et sont repris dans plusieurs traités de physique dont 'La détente de la vapeur surchauffée' paru en 1866. Le système Compound réduit les pertes de condensation dans les cylindres grâce à la répartition des températures dans plusieurs cylindres. La surchauffe est une solution plus radicale qui consiste à porter la vapeur, avant son admission dans les cylindres, à une température assez élevée pour qu'elle ne se condense pas même après sa détente. La présence des quelques tuyaux dissimulés dans les tubes à fumée des locomotives à surchauffe, leur conférant une puissance jamais atteinte, ébranle sérieusement les adaptes du compound. Une décision rapide et catégorique s'impose : il faut briser la filiation prussienne encore souveraine dans le parc marchandises. Deux dispositions d'essieux doivent être sautées ; on aboutit ainsi à la réalisation précipitée et sans le moindre essai ou évaluation des G11. Entre 1905 et 1910, 47 locomotives de type 150, à vapeur saturée et quatre cylindres compound décroisés à tiroirs plan, sont livrées à l'EL par Graffenstaden. Elles sont malheureusement un échec total ; leur capacité de traction est tellement dérisoire que leur retrait de service s'impose rapidement. Même la conduite du feu à marche lente est difficile, en raison des coups d'échappements amortis par le compoundage : une vraie catastrophe. La Direction du réseau se tourne résolument vers Berlin qui lui propose de commander des G10 à surchauffe dont la production vient d'être entamée chez Henschel. Ce sont les premières machines marchandises modernes capables de tracter 1900 tonnes en pallier à 40km/h. Un lot de dix est livré à l'EL et avant la fin 1910, leurs brillants états de service permettent de déterminer que 35 d'entre elles seraient suffisantes pour remplacer les 47 G11 ! Il est vrai qu'une G10 ne demande qu'une quinzaine de minutes pour son graissage et elle peut être conduite par plusieurs équipes dans une journée. La compound à quatre cylindres exige deux heures de préparation, une équipe titulaire lui prodiguant des soins assidus pour des moyennes journalières de l'ordre de 60km ; de plus, leur moteur à vapeur saturée leur fait consommer beaucoup plus qu'une G10 à surchauffe.